Théodore André Monod

Théodore André Monod (Rouen, 9 avril 1902 – Versailles, 22 novembre 2000) est un naturaliste, explorateur, érudit et humaniste français.

Bien qu’il ait souvent fui les honneurs, Théodore Monod fut directeur de l’Institut d’Afrique noire, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, membre de l’Académie des sciences d’outre-mer, en 1949, de l’Académie de la Marine, en 1957, et membre de l’Académie des Sciences, en 1963.

Il commença sa carrière par l’étude des phoques moines dans la presqu’île du Cap Blanc en Mauritanie et se tourna rapidement vers l’observation du désert du Sahara, qu’il arpenta pendant plus de soixante ans, à dos de chameau ou à pied, à la recherche d’une météorite mythique. Ce faisant, il découvrit de nombreux sites néolithiques et révéla de nombreuses espèces végétales dont certaines portent son nom.

Il effectua avec Auguste Piccard, en 1948 au large de Dakar la première plongée en bathyscaphe, FNRS II. Celle-ci, expérimentale, atteindra la profondeur de 25 mètres. La plongée suivante sera plus probante mais se fera sans Théodore Monod.

À Essouk au Mali, il découvrit le squelette de l’homme d’Asselar, estimé à – 6 000 ans, dont le crâne atteste de façon certaine des caractères négroïdes.




LA CURIOSITE DU MONDE ET L’HUMANISME

Durant son enfance, Monod se passionne pour tout ce que la nature offre, lisant insatiablement et alimentant ses rêves de découvertes. Après des études de sciences naturelles et une mission océanographique, il entre en 1922 au Museum d’Histoire Naturelle. Travaillant en Mauritanie, il ressent l’appel du désert, qui démarre peu après la côte de ce pays. Sa vie change : il deviendra le « fou » du désert.

Durant les années 1920, il travaille beaucoup en Afrique. En 1927, il est choisi pour participer à une expédition scientifique à travers le Sahara, d’Alger à Dakar via Tombouctou. Au cours de cette première expédition, il recueille une foule d’échantillons de plantes et de minéraux, qui vont l’occuper pendant des années au Museum. En 1928-1929, il épouse Olga Pickova, une jeune juive d’origine tchèque, et est appelé à faire son service militaire, ce qu’il craint un peu, étant déjà antimilitariste et pacifiste. Affecté dans une unité saharienne, il en profite pour poursuivre ses recherches.

En 1934, il part à Chinguetti à la recherche d’une mystérieuse météorite (qui sera également une des quêtes de la fin de sa vie). Il part aussi pour explorer le Tanezrouft, une zone encore inconnue du Sahara. En 1938, il s’installe avec sa famille à Dakar, où il est mobilisé en 1939 au Tchad. De retour à Dakar, il milite contre la collaboration de Vichy et le racisme nazi au travers de chroniques radiophoniques, d’octobre 1940 à octobre 1941. Ces chroniques à Radio-Dakar ont été rassemblées en 1942 dans un recueil intitulé L’Hippopotame et le Philosophe. Il y défend des positions fermement antiracistes, pacifistes et écologistes, qui seront censurées par le gouvernemment de Vichy. Il anime un groupe lié à la France Libre et accueille De Gaulle en 1944. Mais son père, resté en France, meurt à la même époque et toute la famille de sa femme est déportée : il n’y aura aucun survivant.

Se contentant de peu pour survivre, doté d’une endurance exceptionnelle, il parcourt de nombreuses fois le désert dans les années 1950-1960. Sa particularité est de faire de nombreuses expéditions non pas en chameau, mais à pied. En 1954, il parcourt en Mauritanie et au Mali, 900 km sans point d’eau.

Toute cette époque est aussi marquée par l’amitié qui le lie à Louis Massignon, grand orientaliste et humaniste, disciple de Gandhi pour la non-violence, qui nouera un dialogue riche et fructueux avec Monod. Une autre grande amitié de Monod fut celle de l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ.

Dans les années 1960, toujours fidèle à ses engagements, il manifeste contre la guerre d’Algérie. Ensuite, tout en se consacrant toujours à ses travaux et ses voyages, chaque année, devant la base militaire de Taverny, entre le 6 et le 9 août, il jeûne, en protestation contre l’arme nucléaire…

Travailleur de la science et de la nature pendant plus de 70 ans, il atteint à une brusque et tardive notoriété au début des années 1990, à la suite d’un reportage télévisé qui lui était consacré en 1993.

En 1995, il participe à une expédition au Yémen, et voit pour la dernière fois, avant de perdre totalement la vue, le Sahara en 1996, à 94 ans.

Il a consacré la fin de sa vie à mettre en accord sa foi chrétienne et son combat humaniste pour la dignité humaine. Comme l’écrit R. Cans : « On le voyait marcher au premier rang des manifestants qui protestaient contre la bombe atomique, l’apartheid, l’exclusion. Il militait contre tout ce qui, selon lui, menace ou dégrade l’homme : la guerre, la corrida, la chasse, l’alcool, le tabac, la violence faite aux humbles. Son credo : le respect de la vie sous toutes ses formes. »



L’HUMANISTE ENGAGÉ

Naturaliste de formation mais aussi de conviction, c’était un écologiste avant la lettre.

Il ne dissocia pas pour autant l’humain des ses préocupations et le plaça même au cœur de ses pensées et de ses actions. Dans la seconde moitié du XXe siècle il prit part aux mouvements antinucléaire, antimilitariste, non-violents, de défense des droits de l’homme… et de la vie, en manifestant toujours une exigence, forgée par une extraordinaire noblesse de cœur.



QUELQUES OEUVRES

Ses œuvres ont été rééditées chez Actes Sud (Arles)

-Méharées, (Paris, 1937), rééd. 1989. 
-L’Émeraude des garamantes, (éditions de L’Harmattan, Paris, 1984), rééd. 1992. 
-L’Hippopotame et le philosophe, rééd. 1993. 
-Désert lybique, Éditions Arthaud, 1994. 
-Majâbat Al-Koubrâ, Actes Sud, 1996. 
-Maxence au désert, Actes Sud, Arles, 1995. 
-Le chercheur d’absolu, Le Cherche Midi, 1997. 
-Tais-toi et marche …, journal d’exploration El Ghallaouya-Aratane-Chinguetti, Actes Sud, 2002. 


CITATIONS

 « Parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui ? » 

« La nature n’est ni morale ni immorale, elle est radieusement, glorieusement, amorale. » 

« Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire, il faut le faire, pour l’honneur, mais sans illusion. »

Communiqué

 

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Spiritualité

colombe

Citations

La non-violence est la loi de l’espèce humaine comme la violence est celle de la brute. (…) La dignité de l’homme exige de lui l’obéissance à une loi supérieure, à la force de l’esprit.
Gandhi

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