Le livre :
Lynn Gottlieb, première femme ordonnée rabbin dans le mouvement du Renouveau juif, offre ici une œuvre fondamentale sur la non-violence juive, aboutissement d’une vie de réflexion, de travail et d’engagement dans la foi juive, la non-violence, la construction de la paix, la compréhension interreligieuse, le féminisme, la justice sociale et les arts du spectacle.
Cet ouvrage est un magnifique message d’amour, de paix et d’espérance, non seulement pour la communauté juive, mais aussi pour le monde entier, et tout particulièrement pour une bonne entente entre les croyants de diverses religions et pour une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien.
Beresheet bara Elohim, « Au commencement Elohim créa », et il est la Vie… Les commandements reçus et transmis par Moïse répètent « Tu aimeras… », « Tu aimeras… ». « La Torah tout entière pour la cause de la paix. » « Parle l’amour, enseigne l’amour, sois amour, par égard pour la génération suivante, fais de ta vie un exemple d’amour » (extrait d’une prière du soir). Lynn Gottlieb porte cette vivante injonction, présente au cœur des non-violents et des croyants, au milieu des conflits qui endeuillent si cruellement notre humanité. Elle ouvre la voie par un travail d’analyse et d’artiste, tant théorique que pratique, et conduit pas à pas la lectrice ou le lecteur vers la compréhension de la non-violence juive et la connaissance des moyens de sa pratique.
Entre l’introduction et la conclusion, ce Parcours comporte en effet sept étapes :
La première partie, intitulée « Et l’Holocauste ? », examine l’objection la plus sérieuse soulevée lorsque l’on envisage la non-violence active comme un mode de vie juif : est-ce que cela aurait été efficace contre les nazis ?
La deuxième partie, « Les Racines de la non-violence juive », fournit au lecteur une présentation plus complète de la non-violence juive, en examinant les sept principes directeurs qui composent la Torah de non-violence, et les textes qui aident à les comprendre.
« Hitorrarut » (Auto-éveil), la troisième étape du Parcours, concerne la dimension intérieure d’une vie spirituelle consacrée à la non-violence juive. Elle présente au lecteur des cérémonies et rituels puisant aux sources liturgiques, cabalistiques, hassidiques et féministes qui nourrissent la vie intérieure. Elle propose également une kavannah kedusha (intention sacrée) qui peut être récitée quotidiennement pour se préparer à passer la journée à venir en shomeret shalom (personne au service de la paix dans la non-violence).
« Hakhnasat Shalom » (Accueillir la paix), quatrième étape du Parcours, célèbre l’art de l’hospitalité au service de la justice sociale. L’hospitalité, au sens où l’entend shmirat shalom (système religieux de service de la paix dans la non-violence, avec deux grandes catégories : non-coopération et consolidation constructive de la paix), est la création d’un climat d’accueil permettant à ceux qui sont directement menacés par la violence de se faire entendre. Elle englobe également le travail de mise en réseau et la création de coalitions et de passerelles entre différents mouvements.
La cinquième étape, « Tzedek Tzedek Tirdof » (C’est la justice, la justice seule que tu dois rechercher), aborde les questions qui sont au cœur des luttes populaires, de la résistance et de la non-coopération. Quelle place pour le dialogue dans la naissance des mouvements sociaux ? Comment initier un mouvement en faveur du changement ? Comment élaborer une stratégie, planifier une action, se préparer pour le long terme ? Cette étape examine la stratégie et les tactiques de la résistance non-violente dans le cadre de la création de mouvements sociaux.
La sixième étape, « La Question de la Palestine », traite en détail de la question de la Palestine et de l’occupation israélienne. Comment les non-violences palestinienne et juive se rejoignent-elles afin de faire émerger un futur porteur d’espoir pour les relations entre Juifs et Palestiniens ? Pourquoi des milliers de militants juifs en sont-ils venus à soutenir le mouvement en faveur du boycott, des désinvestissements et des sanctions ? Cette étape passe en revue les questions « qui fâchent » auxquelles sont confrontés responsables et militants qui œuvrent pour un dépassement du conflit israélo-palestinien.
La septième étape, « Cercles de Paix », explique au lecteur comment créer des cercles d’étude shomeret shalom dans sa communauté et dans la région où il vit.
L’auteure :
Lynn Gottlieb est l’une des huit premières femmes rabbins de l’histoire juive. Née le 12 avril 1949 à Bethlehem (Pennsylvanie), elle a été ordonnée dans le Jewish Renewal movement (« mouvement du Renouveau juif »), qu’elle a aidé à se dessiner en une nouvelle expression du judaïsme influencée par le féminisme, l’écologie, la non-violence, la compréhension interconfessionnelle et la justice sociale.
Lynn Gottlieb a commencé sa vie de prêche en 1973 en servant en tant que rabbin au temple Beth Or des sourds et à l’Association hébraïque des sourds pendant ses années d’études rabbiniques à New York de 1973 à 1981. Elle a aussi fondé Mishkan A Shul, une synagogue expérimentale à New York dédiée au féminisme, aux arts et à la justice sociale. Gottlieb a commencé à combiner le langage des signes et les arts du spectacle pour fonder en 1974 une troupe théâtrale féministe juive appelée Bat Kol, un nom féminin de Dieu. Lynn Gottlieb a apporté au théâtre féministe juif le récit, le cérémonial et l’action politique à des centaines de communautés à travers les États-Unis d’Amérique, le Canada et l’Europe. Elle a servi comme conseillère rabbinique à la production du Public Theater du Dybbuk (dybbuk : dans le folklore juif, esprit malfaisant tourmentant les vivants) et y a aussi représenté ses propres œuvres. Ses vingt ans à peine passés, Lynn Gottlieb rejoignit le Mouvement international de la réconciliation et commença une vie d’avocate de la réconciliation pour juifs palestiniens, pour en terminer avec la violence contre les femmes, pour affronter le racisme et pour accueillir d’autres problèmes. En 1981, elle devint la première femme ordonnée rabbin dans le mouvement du Renouveau juif et aida à organiser un énorme service interreligieux pour la Conférence des Nations Unies sur le désarmement à New York, qui amena un million de personnes dans les rues.
En 1983, Lynn Gottlieb s’est installée à Albuquerque (Nouveau-Mexique) et y a cofondé la communauté Nahalat Shalom(« Héritage de paix », cf. http://nahalatshalom.org), centre spirituel et culturel pour le Renouveau juif dans le Sud-Ouest des États-Unis d’Amérique. Lynn a cofondé The Shomer Shalom Network for Jewish Nonviolence (« le Réseau au service de la paix pour la non-violence juive » ; cf. http://shomershalom.org) avec des membres de sa communauté et Ross Hyman, un syndicaliste venant de Chicago (Illinois). Shomer Shalom s’est développé, devenant un vibrant réseau de juifs engagés dans la non-violence comme chemin spirituel et politique.
En mars 2002, Lynn Gottlieb a cofondé la Muslim-Jewish PeaceWalk for Interfaith Solidarity (« Marche pour la paix associant musulmans et juifs pour la solidarité interconfessionnelle ») avec Abdul Rauf Campos-Marquetti, du Centre islamique du Nouveau-Mexique. Ensemble ils enclenchèrent des marches de la paix dans 18 villes à travers les États-Unis et le Canada. De nombreuses marches qu’ils ont aidé à lancer continuent encore. Après avoir servi sa communauté pendant 22 ans, Lynn s’est installée en Californie pour dirigerInterfaith Inventions (« Inventions interconfessionnelles » ; cf.http://www.interfaithinventions.org), fondation qui, comme effort de paix, soutient des expériences de nature pour des jeunes de diverses origines. Lynn a aussi travaillé pour l’American Friends Service Committee (« Comité américain de la Société des amis », des quakers) à San Francisco comme codirectrice, avec Noura Khouri, du programme Israël-Palestine.
Lynn Gottlieb est l’une des leaders de la branche américaine de l’IFOR (International Fellowship of Reconciliation ; cf.http://www.ifor.org) = MIR (Mouvement international de la réconciliation ; cf. http://www.mirfrance.org), groupe interconfessionnel fondé en 1919 consacré à donner des forces pour la non-violence. Aujourd’hui l’IFOR a 85 branches, groupes ou affiliés dans 51 pays. Ce mouvement compte parmi ses membres six Prix Nobel de la paix : Jane Addams (1931), Emily Green Balch (1946), Albert Luthuli (1960), Martin Luther King Jr (1964), Máiread Corrigan-Maguire (1976), Adolfo Perez Esquivel (1980).
Lynn Gottlieb a dirigé deux délégations du Mouvement international de la réconciliation en Iran en 2008, devenant ainsi le premier rabbin américain et la première femme rabbin à visiter l’Iran dans une délégation publique depuis la révolution iranienne de 1979. Cette délégation s’est consacrée à la diplomatie civile et à la construction de la paix.
Lynn Gottlieb a cofondé la Community of Living Traditions(CLT, Communauté de traditions vivantes) at Stony Point Center, Stony Point (New York) – où elle réside actuellement –, résidence interconfessionnelle consacrée à l’étude et la pratique de la non-violence. En partenariat avec le Mouvement international de la réconciliation, CLT commence sa seconde année avec 22 résidents à plein temps, de tradition musulmane, juive et chrétienne, plus un certain nombre de personnes en interne consacrées à la nourriture, la justice, la compréhension interconfessionnelle, l’art de la résistance et d’autres occasions d’apprentissage.
Le rabbin Gottlieb plaide pour un retour à la non-violence juive et pour un abandon du militarisme d’Israël comme voie pour la sécurité juive ; elle conduit régulièrement des délégations en Israël et en Palestine. Après une quarantaine d’années de travail en solidarité judéo-palestinienne, elle soutient actuellement la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions), qui utilise la pression économique pour en finir avec l’occupation. De plus, elle œuvre pour arrêter le blocus de Gaza. Gottlieb a pris part à laMarche pour la liberté de Gaza (du Caire à Gaza) faisant partie d’un mouvement interconfessionnel de satyagraha à Gaza en 2009-2010. Elle a été citée parmi les 50 rabbins considérés comme les plus influents aux États-Unis d’Amérique.
Lynn Gottlieb est l’auteure de « She Who Dwells Within : A Feminist Vision of Renewed Judaism » (San Francisco : Harper, 1995). Son œuvre paraît dans plus de 40 publications et livres, dont « The Fellowship Magazine ». Elle écrit sur les femmes et la violence, la non-violence juive et la transformation du conflit israélo-palestinien. Lynn Gottlieb est aussi une poétesse dont les œuvres figurent dans plusieurs anthologies, elle est encore percussionniste, danseuse klezmer (Le klezmer est une tradition musicale des juifs ashkénazes.), et enfin une représentante des arts du spectacle. Sa dernière pièce de théâtre, « Woman Rabbi », porte sur la vie de Regina Jonas (Berlin, 1902 – Auschwitz, 1944), la première femme rabbin, qui a été ordonnée en 1935.
Le regard de Máiread Corrigan-Maguire, Prix Nobel de la paix en 1976 :
« Parcours vers la Torah de non-violence », du rabbin Lynn Gottlieb, est un livre au souffle rempli d’espérance. Pour des chercheurs et pratiquants juifs se préparant à une vie de shomeret shalom (personne au service de la paix dans la non-violence), ce livre donne accompagnement et sagesse, au moment où ceux-ci luttent pour remplacer guerre et militarisme, et mettre en œuvre une justice restauratrice et une réconciliation à travers la métamorphose d’un conflit non-violent.
Dans un monde qui s’efforce de commuer l’état de sa violence en une non-violence, ce « Parcours vers la Torah de non-violence » jouera un rôle important dans cette conscience nouvelle qui se développe au sein de la famille humaine et proclame que la vie est sacrée, et que, ensemble, avec amour, nous pouvons résoudre nos problèmes sans violence, ni armes nucléaires, ni militarisme, ni guerre.